Gone Baby Gone

Dans une banlieue de Boston, Amanda, une fillette de 4 ans, est enlevée. Alors que la police piétine et échoue à la retrouver, sa tante, désespérée, fait appel à un jeune couple de détectives privés, Patrick Kenzie et Angie Gennaro, introduits dans le quartier. Au fil de leur enquête, les pistes se brouillent, entre dealers, gangs et pédophiles. Alors que l’affaire est presque classée, un ultime rebondissement va confronter les deux amoureux à un dilemme moral qui pourrait bien les séparer.

Quart-monde oublié
Pour sa première réalisation, l’acteur Ben Affleck offre un rôle sur mesure à son frère Casey, qui campe tout en finesse un jeune détective opiniâtre en même temps que pétri de doutes. Dans l’envers du décor du chic Boston, où la misère et la drogue détruisent les vies et brisent les liens sociaux autant que familiaux, le cinéaste, adaptant un polar de Dennis Lehane (l’auteur de Mystic River), met en scène un quart-monde oublié, auquel le jeune enquêteur, qui a grandi dans ces quartiers, sait avoir échappé de peu. "J'ai toujours pensé, lâche-t-il, que ce sont les choses que l'on ne choisit pas qui font de nous ce que nous sommes." Dans ces bas-fonds abandonnés où les immigrants haïtiens sont privés, comme les Européens d’hier, de rêve américain, dérivent des âmes perdues : une mère junkie défaillante (Amy Ryan, formidable d’ambivalences, nommée aux Oscars et multiprimée pour le rôle), des trafiquants de drogue à la violence sans limites, mais aussi des flics mélancoliques au cœur fracassé. À ses risques et périls, le couple en quête de vérité s’aventure derrière le miroir des apparences, dans le sillage de la caméra de Ben Affleck, qui éclaire, avec ce thriller, une réalité sombre toujours plus fragmentée qu’il n’y paraît.