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L'empire Erdogan (1/2)L'ascension
52 min
Disponible jusqu'au 26/04/2025
À la télévision le lundi 7 avril à 09:25
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De ses promesses d’ouverture à sa mainmise autocratique sur la Turquie, un retour fouillé sur les deux décennies au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, réalisé à la veille de sa dernière réélection en mai 2023.
Charismatique et autoritaire, un temps regardé d'abord comme un libéral, qui est Recep Tayyip Erdogan ? En deux décennies, le Premier ministre puis président turc, d’abord figure encensée à l’Ouest pour ses promesses d’ouverture, notamment économique, et sa bienveillance envers l’UE, est devenu le mouton noir de l’Otan, aussi bien pour sa dérive autoritaire que pour sa dissidence au sein de l’Alliance atlantique. Originaire d’un quartier populaire d’Istanbul, il s’engage au milieu des années 1970 dans une formation islamiste, le Parti du salut national, dissoute en 1981. Le coup d’État de 1988, qu’il observe de loin, lui fait prendre conscience de l'emprise des militaires sur un pays qui revendique plus farouchement que jamais l’héritage laïc d’Atatürk. Sous les couleurs du nouveau parti islamiste du Refah (ou “bien-être”), il est élu maire d’Istanbul en 1994. Aussi bon administrateur qu’orateur, il affiche des ambitions de plus en plus marquées et des convictions libérales qui renforcent sa popularité. En 2001, il fonde l’AKP, le Parti de la justice et du développement, formation islamiste dont le succès le porte deux ans plus tard à la tête du gouvernement. L’exercice du pouvoir lui confirme la nécessité de mettre les militaires de son côté, alors que le pays est engagé dans le conflit syrien qui débute. En 2013, la répression contre les occupants du parc Gezi, qui protestent contre la destruction des espaces verts stambouliotes, marque le tournant autoritaire d'Erdogan. L'année suivante, il remporte la présidentielle dès le premier tour.
Fractures
“Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles, nos casques, les mosquées seront nos casernes, les croyants, nos soldats.” En 1998, cette citation publique du poète nationaliste Ziya Gökalp vaut au maire d’Istanbul, alors en pleine ascension, une condamnation à dix mois de prison ferme pour incitation à la violence. Cet exemple parmi d’autres illustre la longue hostilité qui a opposé Erdogan et les forces militaires turques, au centre de ce captivant portrait documentaire. La tentative de coup d’État de 2016, qui accentue la répression contre toute forme d’opposition, en a marqué le paroxysme. Le président turc aura pourtant su combler la fracture historique entre traditionalisme religieux et militarisme séculaire, tout en marginalisant l’armée. En images d’archives et entretiens avec des témoins de premier plan (anciens alliés, dont bon nombre ont été trahis, comme l’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu, ou opposants de toujours, tel Ahmet Türk, chef du Parti démocratique des peuples, ou HDP, prokurde), ce retour fouillé sur les années Erdogan met également en évidence l’affaiblissement des institutions démocratiques face à la volonté de toute-puissance de l'homme qui les a dirigées durant vingt ans. Car même fragilisé, celui qui a obtenu un troisième mandat présidentiel en mai 2023 n’a pas renoncé à son rêve de supplanter l'écrasante figure d’Atatürk dans l’imaginaire de ses concitoyens. Une politique in fine fondée sur la violence, dont la question kurde constitue l’un des plus douloureux symboles.
> Depuis 2023, Erdogan poursuit sa politique d'élimination des opposants par des accusations juridiques. Le 19 mars 2025, il a fait arrêter son principal concurrent, le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu. Cette décision a déclenché les plus grandes manifestations depuis les affrontements du parc Gezi en 2013.
Réalisation
Gabriel Range
Pays
Allemagne
Année
2023