Irina Scherbakova - La voix russe des libertés

Dans les années 1970, alors toute jeune historienne, Irina Scherbakova commence à recueillir la parole des victimes du Goulag et des crimes staliniens. Militant pour l’ouverture des archives de l’URSS, elle fera partie en 1989, aux côtés de Lev Ponomarev et d’Andreï Sakharov, des membres fondateurs de l'organisation de défense des droits de l’homme Memorial, qui s’est donné pour mission de préserver la mémoire des victimes du régime soviétique, puis de consigner les exactions commises par celui de Poutine. Liquidée en Russie fin 2021 par ce dernier, l’ONG se verra décorée du prix Nobel de la paix l’année suivante. À la suite de l'invasion de l'Ukraine, Irina Scherbakova, comme nombre d’opposants, décide aussitôt de quitter Moscou : elle gagne alors Tel-Aviv, où vit une partie de sa famille d’origine juive ukrainienne, puis Berlin. Depuis son exil à cheval entre les deux pays, cette femme de conviction continue de développer le réseau Memorial à l’étranger, et appelle ses compatriotes à la résistance.
 
Détermination
La réalisatrice Eva Gerberding (autrice d’un portrait de l’écrivaine Ludmila Oulitskaïa, elle-même exilée en Italie depuis 2022), avait déjà rencontré Irina Scherbakova en 2002 pour un documentaire sur les femmes moscovites. Elle la retrouve désormais loin de chez elle, pour un passionnant tête-à-tête, où cette intellectuelle germanophile, patiente et déterminée malgré tout, livre une analyse qui sonde la conscience du peuple russe avec tout le recul de l’histoire.