Un monde parfait

Texas, novembre 1963. Quelques jours avant la venue du président John F. Kennedy à Dallas, Butch Haynes s’évade de prison avec Terry Pugh, un codétenu violent qu’il n’apprécie guère. Pour protéger leur cavale, les fugitifs kidnappent un garçon de 8 ans. Phillip, le petit otage, a grandi sans la présence de son père, sous le regard sévère d’une mère témoin de Jéhovah. Bientôt, Butch se débarrasse de Terry, devenu incontrôlable, et poursuit seul avec l’enfant sa course vers la liberté. Pendant ce temps, les autorités et la police sont sur les dents afin de retrouver au plus vite le garçonnet. Épaulé par Sally Gerber, une criminologue dépêchée par le gouverneur, le Texas Ranger Red Garnett prend la direction des opérations pour retrouver Phillip sain et sauf…

Virée mortifère
Tout juste auréolé des deux Oscars décernés à Impitoyable, son film précédent, Clint Eastwood réalisateur n’a pas convaincu le public américain avec Un monde parfait. Si, fidèle aux personnages de redresseurs de torts qui ont fait son succès, il s’y réserve le rôle du ranger Red Garnett, c’est à Kevin Costner, alors star mondiale du box-office, qu’il confie celui de l’antihéros preneur d’otage en cavale. Entre ce dernier, délinquant par accident, et le petit garçon qu’il entraîne dans une virée mortifère, une complicité se noue, des liens fragiles se tissent. C’est aussi tout un monde imparfait qui se dessine à travers eux, celui dans lequel les pères font figure de grands absents et où les interdits, carcéraux pour l’un et religieux pour l’autre, n’attendent que d’être bravés, quel que soit le prix à payer. Mis en scène à hauteur d’enfant (le jeune T. J. Lowther est stupéfiant de retenue), un road-movie poignant dans une Amérique au bord du précipice.