Les arnaqueurs

À Los Angeles, Roy coule des jours minables mais tranquilles en bricolant des arnaques à la petite semaine. Myra, ex-poule de luxe, qui s’acharne à retrouver l’existence dorée qu’elle a vécue avec un escroc de haut vol, a jeté son dévolu sur lui. Quand Roy, victime d’un règlement de comptes, est transporté à l’hôpital entre la vie et la mort, sa mère Lilly, qui l’a abandonné enfant, déboule à son chevet. Tricheuse professionnelle à la solde d’un bookmaker, elle entend récupérer ce qu’elle considère comme son bien : son fils. Entre Lilly et Myra, la guerre est déclarée...

Rire noir
Avec cette deuxième œuvre hollywoodienne – après Les liaisons dangereuses, sorti deux ans plus tôt –, le cinéaste anglais Stephen Frears s’en donne à cœur joie dans l’exercice de style, s’emparant avec efficacité des codes et des références du film noir, transposés dans les années 1990. Dans une Californie de carte postale aux couleurs travaillées avec un soin maniaque, ses trois héros surjouent avec subtilité des rôles proches de la caricature, auxquels ils insufflent une humanité grinçante. À mi-chemin entre la femme fatale et la mante religieuse, Anjelica Huston et Annette Bening, sanglées dans leurs tenues de combat – tailleurs acidulés et lunettes noires –, rivalisent de talent, de part et d’autre d’un John Cusack qui, lui, parvient à émouvoir dans la veulerie. Les dialogues ciselés par deux maîtres du genre – Donald E. Westlake a repris mot pour mot certaines des répliques écrites par le génial romancier Jim Thompson –, l’érotisme agressif et le rythme nerveux du récit déclenchent un malaise dénoué par le rire, noir et libérateur.