ARTE ReportageGaza : survivre enceintes / Israël / Afrique du Sud
Gaza : 50 000 femmes enceintes tentent de survivre dans l’enfer de la guerre / Israël : Nelly Prezma, 98 ans, survivante des camps, a échappé de peu au massacre du 7 octobre / L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, subit des coupures de courant à répétition.
Gaza : survivre enceintes
50 000 femmes seraient enceintes en ce moment à Gaza, selon l’OMS, et plus de 20 000 bébés seraient nés depuis le 7 octobre 2023. La guerre, avec le manque d’aide humanitaire et les attaques contre les hôpitaux, a presque entièrement rompu l’accès aux soins de santé maternelle, mettant en danger la vie des mères et des nourrissons. Ces femmes accouchent dans les établissements de santé débordés, mais aussi souvent chez elles, sous des tentes ou dans la rue, au milieu des décombres, avec des risques aggravés d’infections, de complications médicales et de naissances prématurées. Les fausses couches ont augmenté de 300%. Ahmed Deeb, journaliste palestinien réfugié en Turquie, a documenté la situation de ces mères et de leurs bébés, avec l’aide d’une équipe qui travaille encore à Gaza et met chaque jour sa vie en danger. Ils ont suivi deux mères : Etaf, enceinte et mère de deux jeunes enfants, et Ola, qui a accouché au milieu des combats et dont le bébé prématuré a été évacué en Égypte. Ils ont rencontré les médecins qui tentent de s’occuper des bébés prématurés dans la maternité de l’hôpital émirati, dans la région de Rafah, seul établissement encore opérationnel capable de leur fournir des soins. Ils ont retrouvé Etaf après son accouchement alors qu’un autre combat commençait pour elle : trouver de la nourriture, un abri pour son bébé et ses deux autres enfants. Survivre tout simplement avec lui dans l’enfer de Gaza.
Israël : de l’Holocauste aux portes de Gaza
À 98 ans, Nelly Prezma, née Gutmann, en a déjà beaucoup vu. Née en 1926 à Pacov, aujourd’hui en République tchèque, son père y était rabbin. Pendant la guerre, ses parents et sa sœur sont morts en déportation. Elle-même, prisonnière dans les camps de Terezin et Auschwitz, a survécu et réussi à partir en Israël où elle est arrivée en 1948, quelques semaines après la déclaration d’indépendance du pays. Installée dans le kibboutz de Dorot, dans le Sud d’Israël, elle s’est mariée, a élevé deux enfants, compte aujourd’hui quatre petits-enfants et des arrière-petits-enfants. Le 7 octobre 2023, le Hamas attaque depuis la bande de Gaza toute proche. Certains kibboutz comme celui de Kfar Aza, sont le théâtre d’un véritable massacre. Pourtant, à une dizaine de kilomètres de là, Dorot, le kibboutz où vit Nelly et sa famille, a échappé à l’horreur. Dans cette région aux portes du désert du Néguev, les habitants des kibboutz se connaissent tous : ils ont été à l’école ensemble et ils cultivent la même terre. Après les massacres, Nelly et sa famille ont été évacués vers le nord, dans des hôtels à Tel Aviv ou Jérusalem, jusqu’au début de l’année. Aujourd’hui, à Dorot, quatre générations d’Israéliens sont encore sous le choc. Nelly a le sentiment de revivre le cauchemar de sa jeunesse. Elisha, son fils de 71 ans, partisan de la paix avec les Palestiniens, ignore s’il verra une solution de son vivant. Shany, sa fille, souhaite le départ de Benjamin Netanyahou, mais refuse désormais de croiser des Palestiniens. Ses trois enfants ne se voient pas vivre ailleurs qu’en Israël, qui est pour eux le seul endroit où ils n’auront pas à subir l’antisémitisme. Ils vivent derrière les barbelés qui entourent le kibboutz de Dorot, mais ils ne parlent pas du sort des habitants de la bande de Gaza toute proche. Dans cette famille, unie en apparence autour du destin des juifs et de l’Etat hébreu, il y a Matan, frère de Shany, fils d’Elisha et petit-fils de Nelly : mathématicien très engagé à gauche, il a quitté Israël depuis quelques années pour vivre en Allemagne, à Berlin. Il s’interroge sur l’avenir d’Israël : comment continuer à vivre ainsi, en état de siège, sans régler la question de l’occupation des terres palestiniennes ?
Afrique du Sud : vivre sans électricité
Délestage, le mot est entré dans le quotidien de tous les Sud-Africains. Des coupures d’électricité quotidiennes qui affectent les familles et tous les secteurs de l’économie. Johannesbourg plongée dans le noir. Les coupures de courant se multiplient, de jour comme de nuit, l’insécurité augmente, tout comme la criminalité. Depuis des mois, les Sud-Africains vivent les yeux rivés sur les prévisions de délestage de la compagnie nationale d’électricité Eskom : 4 heures par jour, ou 6 heures, voire 12 heures ? Comment vivre sans courant ? Les plus aisés font installer des panneaux solaires, achètent des groupes électrogènes, des batteries…. les plus pauvres misent surtout sur les bougies et les appareils rechargeables. C’est tout un pays qui vit au rythme des coupures. Cent ans après sa création, Eskom risque d’entrainer l’économie sud-africaine dans sa chute. Exemple à Johannesburg, la plus grande ville d'Afrique du Sud et capitale de la province de Gauteng.
Pays
France
Année
2024