La chambre des magiciennes

Claire, trentenaire, a des parents envahissants, un amant marié, une sœur à côté de la plaque et achève péniblement une thèse en anthropologie sur les Dogons. À l'approche de sa soutenance, elle souffre de migraines insupportables, dont les spécialistes peinent à trouver l’origine : son médecin, le docteur Fish, finit par la faire hospitaliser. Elle partage alors sa chambre avec Odette, jeune femme paralysée des jambes qui passe son temps devant la télé, et Éléonore, une vieille dame à moitié folle, qui semble douée de pouvoirs occultes. Dans cet univers confiné, les tensions s'exacerbent. Mais entre Éléonore et Claire, l'exaspération se mue peu à peu en complicité.

Petite caméra, grands effets
Avec ce film de commande tourné à l’aide d’une petite caméra numérique – plus usitée pour les reportages qu’au cinéma –, Claude Miller, cinéaste confirmé et reconnu, renouait le temps d'un film avec ses "curiosités de débutant". Le réalisateur a trouvé l'occasion de faire éclater les conventions du langage cinématographique pour traiter dans ce "drame comique" un sujet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Les prises de vues en numérique, qui permettent de cerner au plus près ses personnages, abolissent la distance des images patinées du 35 mm, sans pour autant verser dans le réalisme criard des sitcoms de l’époque. Par leurs couleurs, leur texture, leur grain, ces images réussissent un compromis entre la subjectivité du réalisateur et la représentation objective de la réalité. Dans un premier temps, Claire semble déphasée, son regard glisse sur la surface des choses. Mais l'hôpital va la délivrer d'un quotidien étouffant. Après bien des difficultés, elle va finalement s'accommoder de cette cohabitation entre femmes, pour se voir initiée à la compassion et à la tendresse qui lui permettront d'affronter sa nouvelle vie.