Le prix du danger

En France, dans un futur proche, un jeu télévisé connaît un immense succès : “Le prix du danger”, présenté par l’animateur star Frédéric Mallaire, qui offre la possibilité à un candidat trié sur le volet de gagner une forte somme d’argent s’il parvient à survivre à une chasse à l’homme à balles réelles, filmée et retransmise en direct. Bien que des protestations se fassent entendre pour faire arrêter ce jeu de massacre, les dirigeants de la chaîne CTV persistent et recrutent leur nouveau candidat, François Jacquemard, un jeune chômeur prêt à en découdre pour toucher le gros lot…

Méphistophélique
Du classique Les chasses du comte Zaroff à la récente série coréenne Squid Game, le thème de la mort-spectacle inspire régulièrement la littérature et le cinéma. Au-delà de leur efficacité dramatique, ces histoires dénoncent, ici les rapports de domination, là, la culture de la violence et la toute-puissante société du divertissement. "Nous vivons dans un monde de dingue", justifie dans Le prix du danger le cynique patron de chaîne que joue Bruno Crémer avec une inquiétante douceur. "Voilà exactement l’émission dingue que réclame ce monde de dingue : ni vous ni moi ne sommes responsables du monde dans lequel nous vivons." Animé de la saine colère qui a nourri ses meilleurs films, Yves Boisset frappe fort avec cette représentation extrême des mœurs de la télévision poubelle, toujours actuelle si on la transpose à l’ère des réseaux sociaux. La satire, volontiers outrée, renvoie dos à dos les concepteurs de l’émission, les annonceurs qui la financent et le public qui s’en repaît – le sommet de l’ignominie étant atteint lorsque le jeu s’interrompt pour laisser place à la diffusion d’un intermède “contre” la famine en Afrique. Le prix du danger est aussi un film d’action, mené à toute allure dans les paysages bétonnés d’une ville indéterminée, où le jeune Gérard Lanvin cherche désespérément un refuge. Face à sa fougue mal canalisée, Michel Piccoli surprend en présentateur méphistophélique, ivre de sa propre performance et plein d’une démagogie abjecte.