Renaud Capuçon dirige RavelOrchestre de Chambre de Lausanne
37 min
Disponible à partir du 04/03/2025
Sous la direction du violoniste français Renaud Capuçon, l’Orchestre de Chambre de Lausanne interprète des pièces musicales de l’entre-deux-guerres. Cette soirée est dédiée, entre autres, à Maurice Ravel (1875-1937), dont on célèbre le 150e anniversaire le 7 mars 2025. Avec “Le Tombeau de Couperin”, le compositeur glorifie le Grand Siècle tout en honorant la mémoire de ses camarades tombés au front.
La Première Guerre mondiale est déclarée en été 1914. Début octobre, Maurice Ravel écrit à son ami Roland-Manuel qu’il se lance dans la composition d’une suite française et précise que La Marseillaise n’y figurera pas. Pour exprimer son patriotisme, il s’inspire des danses de l’époque baroque. Sa contribution artistique à l’effort de guerre se traduit par un hommage au Grand Siècle, époque de la domination culturelle et militaire de la France sur le reste de l’Europe. Pourtant, composer de la musique ne suffit pas à ses yeux. Il tente de rejoindre le front, mais il est exempté en raison de sa faible constitution physique. En mars 1915, il est engagé dans le service auxiliaire. Un an plus tard, il tombe gravement malade et est réformé. Peu de temps après, il apprend le décès de sa mère. Cette succession d’événements tragiques – la guerre, l’échec de ses tentatives pour servir sa patrie, la mort de plusieurs amis et finalement, celle de sa mère – donne sa forme définitive à la suite française : celle d’une sépulture. Le Tombeau de Couperin s’inscrit dans la tradition des musiques de commémoration qui, depuis le milieu du XVIIe siècle, faisaient la part belle aux luths.
Chaque mouvement de cette suite est dédié à un ami tombé au front. Le Tombeau de Couperin idéalise une période révolue, mais rappelle aussi les atrocités commises pendant la Grande Guerre. Le 11 avril 1919, Le Tombeau de Couperin est créé à Paris dans la future salle Gaveau, sous forme de suite pour piano. La même année, Ravel écrit un arrangement pour orchestre de quatre des six mouvements, à savoir Prélude, Forlane, Menuet et Rigaudon. Peu de temps après, il compose une autre version pour le Ballet royal de Suède. Cette musique éthérée est une invitation à la danse. Elle associe le rythme régulier et les élégantes ornementations des danses baroques avec des harmoniques résolument modernes : tantôt l’orchestre intègre les nombreuses dissonances dans le flux sonore, tantôt il les met en exergue.
Élaborée entre 1922 et 1927, la Sonate pour violon et piano est l’ultime œuvre de musique de chambre de Maurice Ravel qui met cinq ans pour marier ces deux instruments dont les univers sonores lui semblent incompatibles. Il compose parallèlement L’Enfant et les Sortilèges (1920-1925), son seul opéra, Tzigane (1924) et les Chansons madécasses (1925-1926). La création de la sonate a lieu le 30 mai 1927 dans la salle Érard, avec le compositeur en personne au piano et Georges Enescu au violon. En 2016, le compositeur monégasque Yan Maresz, grand admirateur de Ravel, arrange spécialement pour Renaud Capuçon une version orchestrale donnée en création par l’Orchestre national de Lyon sous la direction de Leonard Slatkin. Les parties pour violon restent quasiment identiques, tandis que l’orchestre se glisse dans le rôle du piano. À Lausanne, Renaud Capuçon endosse à la fois l’exécution des parties solistes et la direction d’orchestre.
Filmé le 9 janvier 2025 dans la Salle Métropole à Lausanne, Suisse.
Avec
Renaud Capuçon (violon)
Réalisation
Céline Thurre-Millius
Composition
Maurice Ravel
Direction musicale
Renaud Capuçon
Orchestre
Orchestre de Chambre de Lausanne
Pays
Suisse
France
Année
2025