Le vieux fusil

Montauban, juin 1944. Tandis que la fin de la guerre approche, pour protéger sa femme Clara et sa fille Florence, le chirurgien Julien Dandieu les met à l’abri dans le petit château familial qu’il possède à la campagne. Alors que ce dernier est entré en ville, où il continue d’opérer à l’hôpital les résistants blessés que traque sans relâche la milice, une division SS prend position au château. S’octroyant une pause, Julien se fait une joie d’aller retrouver pour quelques heures sa famille. Mais à son arrivée, il découvre horrifié que les villageois ont été abattus et que sa femme et sa fille ont été sauvagement assassinées...

Machine à tuer
Étrange œuvre que ce Vieux fusil, succès éclatant à sa sortie (il y a tout juste cinquante ans), mélange de drame historique, de mélo, de film de guerre et de ce qu'on appellera plus tard le revenge movie, façon Sam Peckinpah et ses Chiens de paille ou Elia Kazan avec Les visiteurs. Les séquences de souvenirs, en flash-back, qui font la part belle au personnage de Romy Schneider (Clara), incarnation solaire du bonheur fracassé, servent pourtant à Dandieu (Philippe Noiret) pour se convaincre de la légitimité de sa violence. Car à part lui, qui pourrait rendre justice face à l’effroyable crime de masse commis dans une France qui ne sait plus qui la commande, de l'occupant, des vichystes ou des résistants ? C'est aussi ce temps suspendu de la vengeance, sans perspective au-delà de son accomplissement brutal, couplé à la perte d'identité de l’ancien époux et père heureux devenu machine à tuer (les miroirs ne lui renvoient plus son reflet), qui fait la force inoubliable de la prestation de Philippe Noiret, récompensé par un César.