Nicolas Cage, le savant fou d'Hollywood

53 min

Disponible jusqu'au 14/09/2026

À la télévision le dimanche 14 décembre à 22:50

De ses expérimentations d’acteur à la lisière de la folie, qui l’ont imposé au sommet, à sa chute brutale, avant l’ultime renaissance, portrait de Nicolas Cage, neveu discret de Francis Ford Coppola et comédien excessif, créateur d’un monstre qui a failli le dévorer.

"La frontière est mince, dit-il, entre un acteur et un schizophrène." Familier dès l’enfance du trouble mental pour avoir grandi auprès d’une mère bipolaire souvent internée, Nicolas Cage ne cessera de l’explorer dans ses rôles, alternant accès de violence, exubérance drolatique et abîmes de détresse. Né Nicolas Coppola en 1964, il change de nom pour échapper à l’ombre de son oncle, figure tutélaire et maître d’Hollywood. Après des débuts médiocres, l’apprenti comédien, qui se choisit des modèles – le Jack Nicholson de Shining, le Marlon Brando d’Apocalypse Now ou encore le comique Jerry Lewis –, crève l’écran en 1984 en soldat défiguré de retour du Viêtnam dans Birdy d’Alan Parker, avant le jubilatoire Arizona Junior des frères Coen où, en malfrat loser, il se retrouve cerné par une légion de bébés hors de contrôle. Dès lors, l’acteur cultive son "individualité", nourrie d’outrances, pour la défendre au sommet, sapé d’une inoubliable veste à motif peau de serpent dans Sailor et Lula (1990) de David Lynch. Expérimentant sans relâche, enchaînant blockbusters et films indépendants, l’excessif et baroque Nicolas Cage puise dans l’expressionnisme allemand pour Embrasse-moi, vampire – et avale un cafard au passage –, joue ivre mort dans une scène de Leaving Las Vegas pour se dissoudre dans son personnage d’alcoolique (qui lui vaut un Oscar), défie Travolta dans Volte-face de John Woo et "manque de perdre pied" avec Adaptation de Spike Jonze. Mais son étoile pâlit. Critiquée pour ses frasques, entre île privée et squelette de dinosaure acheté illégalement, la star adulée voit sa notoriété décliner. Boudé par Hollywood, moqué par les cinéphiles sur Internet, l’acteur dévoré par le monstre qu’il a créé ne devra sa résurrection qu’en incarnant, en 2022, avec Un talent en or massif, sa caricature pour mieux s’en détacher.

L’art de la démesure
Retraçant sa carrière en archives et vignettes BD façon DC Comics, ce portrait documentaire éclaire la nature d’un comédien déjanté qui a utilisé ses films comme des laboratoires pour sa foisonnante créativité, avant que ses débordements ne manquent de détruire sa légende. Analysant son parcours avec une touchante lucidité, Nicolas Cage, qui a toujours pris des risques, a mêlé génie et démesure héritée du muet, parfois jusqu’au grotesque assumé. Objet d’un bashing acharné et cruel sans équivalent à Hollywood, celui qui se rêvait "en Klaus Kinski californien" en tournant Bad Lieutenant – Escale à La Nouvelle-Orléans sous la direction de Werner Herzog, a annoncé souhaiter s’éloigner des plateaux. Mais pourra-t-il vraiment renoncer à sa passion pour le cinéma ?

Réalisation

Nicolas Maupied

Pays

France

Année

2025

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