D'Istanbul au Caire, mille manières d'être moderne (3/3)

Après la Seconde Guerre mondiale, alors que le temps des autocrates est arrivé, les artistes vont se faire les témoins de leur époque. En Égypte, Abdel Hadi el-Gazzar donne naissance à un expressionnisme nationaliste, tout en réussissant à contourner la censure nassérienne, quand la peintre Inji Efflatoun, militante communiste et féministe, est emprisonnée pour s’être opposée au régime. Tandis que la Syrie et l’Irak sont secoués par des coups d’État, de nombreux artistes se réfugient à Beyrouth, attirés par la multiplicité des styles qui s’y épanouissent. Mais la guerre des Six Jours en 1967 – qui entraîne un nouvel exode palestinien –, la mort de Nasser, puis le début de la guerre civile libanaise en 1975 provoquent un sentiment de dévastation, dont témoignent Aref el-Rayess ou Paul Guiragossian. La poétesse Etel Adnan, qui oppose à la violence ambiante des toiles abstraites colorées, publie en 1980 L’apocalypse arabe, une œuvre picturale et poétique. Samir Sayegh, quant à lui, cherche dans la calligraphie un chemin pour explorer le passé, là où se trouvent les ressources pour inventer l’avenir.