Coquelicots rouges sur les murs

Début des années 1940, l’Albanie vit sous l’occupation de l’armée fasciste italienne. Dans un orphelinat de Tirana, les enfants subissent l’autorité maligne de leur surveillant et la propagande intransigeante d’un directeur qui les oblige à effacer les slogans résistants sur les murs de la ville. L’un de ces enfants, Jaçe, s’est lié d’amitié avec un jeune communiste qui lui prête son vélo lors de ses sorties. Les injustices endurées par les orphelins, ajoutées à l’influence d’un professeur qui refuse la soumission ambiante, les conduisent à se révolter contre leurs oppresseurs… 

  

Un mélodrame résistant 
Réalisé en 1976 dans une Albanie isolée par la dictature communiste alors en place, ce film, en dépit de sa dimension propagandiste (la glorification de la résistance "rouge" pendant la Seconde Guerre mondiale), dégage un authentique parfum de liberté. Le cinéaste Dhimiter Anagnosti a dû faire face à la censure plusieurs fois au cours de sa carrière, et on comprend pourquoi, car au-delà du sujet historique, c’est la violence et la corruption à l’œuvre dans tous les régimes autoritaires qu’il stigmatise encore ici. Cette dimension universelle tient sans doute à la sensibilité dont le film fait preuve dans l’évocation de l’enfance. Face au sadisme des suppôts de l’ordre fasciste, les orphelins offrent un très émouvant exemple de la puissance du collectif dans la résistance à la bêtise et à l’oppression. On se souviendra longtemps de leurs visages superbement photographiés, magnifiés par la musique lyrique de Kujtim Laro.