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Les sentiers de la gloireModels
118 min
Disponible jusqu'au 01/12/2024
Plus que 9 jours
Mannequins autrichiennes, Vivian, Lisa, Tanja et Elvyra rêvent de gloire, courant castings et shootings. Le reste du temps, elles stationnent devant le miroir pour essayer des dizaines de tenues et jauger leur silhouette, jamais assez parfaite à leurs yeux. Après s'être pliées aux exigences des photographes, elles finissent la soirée en boîte à boire, sniffer et draguer. Elles en sortent au petit matin, nauséeuses et flouées. Vivian, qui, à l'inverse de Lisa, n'a pas franchi le cap de la chirurgie esthétique, doute de sa séduction, et la teste sans cesse sur les photographes et les conquêtes d'un soir. Spontanée, joueuse et pétrie d'incohérences, elle se cherche désespérément dans le regard de l'autre et s'en prend à son petit ami Werner, de plus en plus distant.
Caméra-miroir
La décennie 1990 a débuté par le sacre des supermodels et s'est conclue sur leur déclin. En 1998, le réalisateur Ulrich Seidl achève de dézinguer le métier dans ce film où le mannequinat flirte avec la prostitution et le casting, avec l'agression sexuelle. En l'an 19 avant #MeeToo, quatre jeunes femmes aussi ravissantes que narcissiques se mettent de leur plein gré au service des fantasmes masculins le jour, et tentent maladroitement de reprendre l'ascendant sur les hommes la nuit. Petites sœurs trash de Kate Moss, elles envoient valser le glamour à l'aube dans ce film où l'on vomit beaucoup. Comme souvent chez le réalisateur autrichien, la frontière entre documentaire et fiction s'estompe, ce qui donne une impression de véracité mais aussi de voyeurisme lorsque, par exemple, une séquence de casting s'étire chez un photographe lubrique. Posée, souvent à la place du miroir, et frontale, la caméra sonde le désarroi croissant de son quartet déjanté, notamment celui de Vivian, sa favorite, dont la vitalité finit par pâtir de cette fuite en avant. Venu du documentaire, Ulrich Seidl amorçait ici un virage réussi vers le cinéma d'auteur. Il continuera ensuite à observer une civilisation occidentale, et notamment autrichienne, qui court joyeusement à sa perte, sans surplomber pour autant ses personnages. Si Models montre l'envers du décor, le film n'exclut pas l'amitié féminine, les éclairs de lucidité et le surgissement de la beauté, comme ce corps nu secoué d'un fou rire réchauffant la froideur bleutée d'une cabine à UV.
Réalisation
Ulrich Seidl
Pays
Autriche
Année
1999