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Thierry Mugler - La mode avec un grand M
52 min
Disponible jusqu'au 19/02/2025
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À son apogée dans les années 1980-1990, il a sublimé la silhouette des femmes et conçu en démiurge d’extravagants défilés. Portrait d’un brillant créateur, adepte de réinvention, y compris pour lui-même.
Né à Strasbourg en 1948, Thierry Mugler a débuté comme danseur au ballet de l’Opéra du Rhin et gardera toute sa vie le goût de la scénographie. Devenu styliste, il crée une griffe à son nom en 1973. Taille cintrée, poitrine insolente, cuisses galbées : il sublime la silhouette des femmes qui, sous ses atours, deviennent des guerrières sexy ou des femmes d’affaires pressées aux épaules XXL. Jouant avec l’univers de la vitesse pour aguicher l’œil masculin, il invente d’extravagants bustiers de métal, qui deviendront sa marque de fabrique. Ce créateur emblématique des années 1980 atteint l’apogée de sa carrière dans la décennie suivante, en rejoignant le club fermé de la haute couture. Grâce à un merchandising futé – le succès du parfum Angel finançant ses créations –, il peut laisser libre cours à sa folie des grandeurs… jusqu’à la collection de trop. En 1998, “Chimères” ruine sa maison. Quatre ans plus tard, Thierry Mugler revend sa marque au groupe Clarins. Cela tombe bien, la vogue minimaliste qui sévit alors ne l’inspire pas du tout. Lassé de la mode, il entame une sidérante métamorphose. Répondant désormais au nom de Manfred, il remodèle son corps à coups de culturisme et de chirurgie, au point d’en devenir méconnaissable. Il vit le parfait amour avec l’artiste polonais Krzysztof Leon Dziemaszkiewicz et se lance dans la mise en scène de shows délirants. Son style serait tombé dans l’oubli si la sagace Beyoncé ne l’avait remis au goût du jour en 2008, année où Manfred Thierry Mugler accepte de concevoir les costumes et la scénographie de sa tournée.
Sens de l’épique
Thierry Mugler a en commun avec son contemporain Jean Paul Gaultier, qui lui témoigne son admiration dans ce documentaire, d'envisager le vêtement comme un costume de scène – le premier avec le sens de l’épique, le second avec un humour rafraîchissant. Autre legs laissé par le couturier, disparu en 2022 : l'art de redessiner une silhouette (parfois jusqu’à l’excès quand il s’agit de sa propre personne), et l’invention d’un sex-appeal futuriste. Il fut aussi l’un des premiers à injecter de la pop culture américaine dans la haute couture et à faire défiler un mannequin grande taille, l’iconique Stella Ellis, qu’on retrouve aussi dans le film. Interrogeant des spécialistes de la mode et l’exubérante garde rapprochée de Mugler, ce portrait retrace sa trajectoire mouvementée à travers des archives où éclatent son savoir-faire et la théâtralité de ses défilés, mais aussi le rôle déterminant de ses collaborateurs et des mannequins, dont les apparitions sur les podiums tenaient de la chorégraphie millimétrée.
Réalisation
Aaron Thiesen
Pays
Allemagne
Année
2024