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Kiev, un opéra en guerre (2/4)Exister ou disparaître
23 min
Disponible jusqu'au 12/09/2026
L’Opéra National d’Ukraine décide de supprimer toutes les œuvres liées à la Russie de son répertoire. Comment les artistes vivent-ils cette séparation quand ils ont baigné toute leur vie dans cette école ? Face à la destruction de leur pays, ils réinventent leur culture et leur identité, et participent à la renaissance d’une nation.
Alternant comme le précédent des entretiens avec les membres de la troupe de l'Opéra de Kiev (dont son directeur) et des aperçus de leur quotidien depuis que la guerre contre la Russie s'est installée dans la durée, ce deuxième épisode évoque une question centrale, mais méconnue, qui s'est posée à l'ensemble du monde culturel ukrainien après l'invasion russe du 24 février 2022. Rapidement, comme la plupart des autres théâtres et lieux de concert du pays, l'Opéra national d’Ukraine a pris la décision de bannir tout le répertoire russe de ses programmes, au moins jusqu'à la fin du conflit. Entre colère patriotique et chagrin artistique, les uns et les autres évoquent la manière dont ils vivent cette extension du domaine de la guerre à des œuvres relevant aussi du patrimoine commun de l'humanité.
"Où est Tolstoï ?"
Unanimes à penser que l'invasion, avec son cortège de crimes et de destructions, vise à annihiler une identité et une culture ukrainiennes que la Russie s'est toujours refusée à reconnaître, les membres de la troupe n’ont pas renoncé sans douleur à cette "grande culture russe", tant musicale que littéraire, qu’ils fréquentent intimement depuis l’enfance. Langue maternelle de beaucoup d'entre eux, le russe ne représente plus pourtant aujourd'hui que l'idiome de l'oppresseur. "Du jour au lendemain, on est passé à l'ukrainien." Tandis que le chorégraphe s'est attaché à refondre la musique des grands ballets de Marius Petipa, en puisant notamment dans nombre de partitions françaises, des œuvres oubliées du répertoire national sont sorties des tiroirs. Si les plus jeunes y voient l'occasion d'émanciper enfin la culture ukrainienne de l'écrasante tutelle de son oppresseur voisin, un chef d'orchestre formé du temps de l'Union soviétique résume le "déchirement intérieur" causé par la rupture. "Pourquoi la culture n'a-t-elle pas sauvé la Russie de ce qui lui arrive aujourd'hui ? Où est l'influence de Tchaïkovski, de Lermontov, de Pouchkine ? Où est Tolstoï ? Je ne comprends pas."
Réalisation
Eric De Lavarene
Auteur.e
Aliona Zagurovska
Priscilla Pizzato
Eric De Lavarene
Production
AGAT FILMS ET CIE
Pays
France
Année
2023