Ulrich Matthes - un acteur né

Tout petit déjà – "à 4 ans", confie-t-il –, il s’imaginait acteur. Il en a 10, lorsqu’il fait ses premiers pas à l’écran. Dans le téléfilm An einem Tag im September (Un jour de septembre), il joue Max, un enfant juif auquel ses parents font croire que son étoile jaune est une médaille de courage. Bien plus tard, les années noires du nazisme ponctueront sa filmographie. Après le rôle de Goering dans La chute d’Oliver Hirschbiegel en 2004, il incarne un prêtre dans un camp de concentration dans Le neuvième jour de Volker Schlöndorff. Plus récemment, l’acteur a tourné dans Une vie cachée de Terrence Malick (2019), avant de camper Hitler dans L’étau de Munich de Christian Schwochow (2021). Visage en lame de couteau, regard sombre et profond, Ulrich Matthes, né en 1959 à Berlin, ne s’est jamais plié aux réserves de ses parents qui approuvaient peu ses envies de scène. À ses études d’anglais et d’allemand, il préfère bientôt des cours de théâtre. Après des débuts dans des pièces du répertoire, il est appelé à l’aube des années 1990 à la très convoitée Schaubühne de Berlin, alors dirigée par Andrea Breth, grande figure de la scène germanophone…

Sans fard
"J’adore être devant la caméra, j’adore être sur scène. Les deux me plaisent infiniment", assure-t-il. Considéré outre-Rhin comme l'un des plus grands acteurs de cinéma et de théâtre d'Allemagne, Ulrich Matthes se livre sans fard sur sa carrière, ses choix et ses engagements politiques – de gauche –, mais aussi sur son homosexualité et son espoir de partager "jusqu’à la fin de [mes] jours une relation de couple heureuse, un amour réciproque et enrichissant". Nourri de témoignages (son ami Volker Schlöndorff, son frère médecin et photographe…), d’archives et d’une interview réalisée dans son appartement berlinois, mais aussi des coulisses d'un de ses derniers tournages, le portrait émouvant et libre d’un artiste couvert de prix qui assure depuis 2019 la présidence de la prestigieuse Académie allemande du cinéma.