ARTE ReportageSpécial Ukraine
53 min
Disponible jusqu'au 23/03/2025
À la télévision le samedi 22 février à 18:50
Émission du 22/02/2025
- Version française
Héros ordinaire, l'Ukrainien Konstantin Gudauskas s’est engagé, au péril de sa vie, à sauver des victimes des atrocités de la guerre / Un taux de natalité en berne, des émigrés par millions : les trois ans de guerre ont encore accentué le dépeuplement de l’Ukraine.
Le chauffeur de Boutcha
Héros ordinaire, Konstantin Gudauskas s’est engagé, au péril de sa vie, à sauver des victimes des atrocités de la guerre. Surnommé "l’ange de Boutcha", Konstantin, est un ancien militant des droits humains kazakh qui a fui son pays pour l’Ukraine en 2019. Lorsque l'invasion russe débute en février 2022, il utilise son passeport kazakh pour évacuer 203 habitants de Boucha, une ville marquée par des atrocités de guerre. Grâce à sa connaissance du terrain, il parvient à déjouer les checkpoints ennemis en soudoyant les soldats et en feignant des liens familiaux avec ses passagers. Parfois pris pour cible, il frôle plusieurs fois la mort. En parallèle, Konstantin Gudauskas documente les massacres et recueille des témoignages, notamment de victimes de viols de guerre. Un des récits marquants est celui d’une adolescente violée sous les yeux de sa mère, qui succombe à ses blessures. Horrifié, Konstantin décide de recenser ces crimes : il enregistre 173 cas de violences sexuelles. Ses documents, photos et listes de survivants sont aujourd’hui transmis aux autorités judiciaires de Kiev. Il a également enterré 74 corps et tente d’identifier les victimes. Depuis trois ans, il mène des missions de sauvetage et d’aide humanitaire sur la ligne de front, apportant nourriture et matériel aux soldats. Malgré les dangers et les menaces de mort, il continue son engagement, avec un seul regret : ne pas avoir pu sauver tout le monde.
Ukraine, la catastrophe démographique
Le 24 février 2025, la guerre en Ukraine va entrer dans sa quatrième année. Notre équipe a enquêté sur l’autre catastrophe qui menace le pays : la chute vertigineuse de sa démographie. De 52 millions d’habitants après l’indépendance en 1991, à 43 millions en 2021 (l’année qui a précédé l’invasion par la Russie), l’Ukraine perd environ 300 000 habitants par an. Plus de 20% de son territoire est occupé par la Russie. En décembre 2024, pour la première fois, le président Zelensky a évoqué le bilan humain de la guerre : 43 000 morts et 570 000 blessés pour l’Ukraine, 198 000 morts et plus de 500 000 blessés pour la Russie.
La guerre a accentué un phénomène déjà profond. Le taux de fécondité n’est plus que d’un enfant par femme. Il est inexistant dans les zones les plus exposées. Beaucoup de femmes en âge de procréer ont quitté le pays en 2022. L’Ukraine est devenue aujourd’hui un pays d’émigration. On compte jusqu’à 6 millions de réfugiés hors de ses frontières. Cette chute démographique n’est pas compensée par l’immigration. Selon les estimations, en 2040, sa population, réduite à 35 millions d’habitants, sera parmi la plus âgée d’Europe.
Voyage dans les deux régions les plus dépeuplées, celles de Tchernihiv et celle de Soumy, au nord et à l’est de Kyiv. La proximité de ces régions avec la Russie les expose au feu permanent. Des villages à moitié détruits sont abandonnés, les employeurs ont du mal à faire fonctionner l’économie, les écoles se sont vidées, les hôpitaux ont perdu beaucoup de leur personnel, parti à l’étranger. Et pour comprendre quel est le sentiment de ceux qui ont fui le pays en 2022, Vladimir Vasak s’est également rendu dans le comté de Kerry, en Irlande, qui a accueilli environ 100 000 réfugiés ukrainiens, presque autant que la France, qui est treize fois plus peuplée. Ce sont surtout des femmes, accompagnées de leurs enfants. Certaines d’entre elles ont choisi de s’établir définitivement dans ce pays d’accueil et ne pensent plus revenir en Ukraine. Trois ans après le début de l’offensive russe, si l’Ukraine pense encore et toujours à reconquérir son territoire, c’est une autre bataille qu’il faudra mener une fois la paix revenue, celle de la démographie.
Héros ordinaire, Konstantin Gudauskas s’est engagé, au péril de sa vie, à sauver des victimes des atrocités de la guerre. Surnommé "l’ange de Boutcha", Konstantin, est un ancien militant des droits humains kazakh qui a fui son pays pour l’Ukraine en 2019. Lorsque l'invasion russe débute en février 2022, il utilise son passeport kazakh pour évacuer 203 habitants de Boucha, une ville marquée par des atrocités de guerre. Grâce à sa connaissance du terrain, il parvient à déjouer les checkpoints ennemis en soudoyant les soldats et en feignant des liens familiaux avec ses passagers. Parfois pris pour cible, il frôle plusieurs fois la mort. En parallèle, Konstantin Gudauskas documente les massacres et recueille des témoignages, notamment de victimes de viols de guerre. Un des récits marquants est celui d’une adolescente violée sous les yeux de sa mère, qui succombe à ses blessures. Horrifié, Konstantin décide de recenser ces crimes : il enregistre 173 cas de violences sexuelles. Ses documents, photos et listes de survivants sont aujourd’hui transmis aux autorités judiciaires de Kiev. Il a également enterré 74 corps et tente d’identifier les victimes. Depuis trois ans, il mène des missions de sauvetage et d’aide humanitaire sur la ligne de front, apportant nourriture et matériel aux soldats. Malgré les dangers et les menaces de mort, il continue son engagement, avec un seul regret : ne pas avoir pu sauver tout le monde.
Ukraine, la catastrophe démographique
Le 24 février 2025, la guerre en Ukraine va entrer dans sa quatrième année. Notre équipe a enquêté sur l’autre catastrophe qui menace le pays : la chute vertigineuse de sa démographie. De 52 millions d’habitants après l’indépendance en 1991, à 43 millions en 2021 (l’année qui a précédé l’invasion par la Russie), l’Ukraine perd environ 300 000 habitants par an. Plus de 20% de son territoire est occupé par la Russie. En décembre 2024, pour la première fois, le président Zelensky a évoqué le bilan humain de la guerre : 43 000 morts et 570 000 blessés pour l’Ukraine, 198 000 morts et plus de 500 000 blessés pour la Russie.
La guerre a accentué un phénomène déjà profond. Le taux de fécondité n’est plus que d’un enfant par femme. Il est inexistant dans les zones les plus exposées. Beaucoup de femmes en âge de procréer ont quitté le pays en 2022. L’Ukraine est devenue aujourd’hui un pays d’émigration. On compte jusqu’à 6 millions de réfugiés hors de ses frontières. Cette chute démographique n’est pas compensée par l’immigration. Selon les estimations, en 2040, sa population, réduite à 35 millions d’habitants, sera parmi la plus âgée d’Europe.
Voyage dans les deux régions les plus dépeuplées, celles de Tchernihiv et celle de Soumy, au nord et à l’est de Kyiv. La proximité de ces régions avec la Russie les expose au feu permanent. Des villages à moitié détruits sont abandonnés, les employeurs ont du mal à faire fonctionner l’économie, les écoles se sont vidées, les hôpitaux ont perdu beaucoup de leur personnel, parti à l’étranger. Et pour comprendre quel est le sentiment de ceux qui ont fui le pays en 2022, Vladimir Vasak s’est également rendu dans le comté de Kerry, en Irlande, qui a accueilli environ 100 000 réfugiés ukrainiens, presque autant que la France, qui est treize fois plus peuplée. Ce sont surtout des femmes, accompagnées de leurs enfants. Certaines d’entre elles ont choisi de s’établir définitivement dans ce pays d’accueil et ne pensent plus revenir en Ukraine. Trois ans après le début de l’offensive russe, si l’Ukraine pense encore et toujours à reconquérir son territoire, c’est une autre bataille qu’il faudra mener une fois la paix revenue, celle de la démographie.
Pays
France
Année
2025