ARTE ReportageUkraine : un photographe dans la guerre / Ukraine : les blessures invisibles
52 min
Disponible jusqu'au 05/08/2024
Émission du 06/07/2024
- Version française
Ukraine : un photographe dans la guerre
Après l’invasion russe de l’Ukraine, le photographe israélien Edward Kaprov, mandaté par le magazine Polka, s’est rendu à trois reprises dans le Donbass, de Kharkiv à Kherson en passant par Bakhmout. Pour documenter la ligne de front, il a choisi le procédé du collodion humide, une technique qui a permis de documenter pour la première fois en photo une guerre, c’était en Crimée. Cent soixante dix ans plus tard, il a immortalisé sur plaques de verre les images du conflit ukrainien, posant son regard sensible sur des tranches de vie, saisissant des instantanés d’hommes, de femmes, d’enfants…. Une odyssée profondément humaine qui questionne sur la réalité de la guerre.
"Je suis né dans un pays qui n’existe plus : l’Union soviétique. J’ai grandi en Sibérie qui, géographiquement, se trouve aujourd’hui en Russie, mais je ne suis pas russe. Le pays dans lequel j’ai vécu jusqu’à mes 17 ans, au lendemain de la chute du bloc soviétique en 1991, possédait une culture et une atmosphère qui ne ressemblent en rien à la Russie. Quand le 24 février 2022 au matin j’ai vu Kiev bombardée, je n’y ai pas cru. C’était du délire d’entendre Vladimir Poutine assurer qu’il allait "dénazifier" l’Ukraine ! C’était impensable, insensé. On n’avait rien vu de tel depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Jamais je n’aurais imaginé́ être témoin d’un conflit de cette échelle. Mes deux grands-pères étaient originaires d’Ukraine. Cette guerre, c’est la mienne".
Ukraine : les blessures invisibles
Après deux ans de conflit, les pertes au sein de l'armée ukrainienne sont estimées entre de 70 000 et 100 000 soldats. Face à la Russie, un pays quatre fois plus peuplé, ces chiffres sont remis en question par les alliés de l'Ukraine, tandis que des voix dissidentes s'élèvent au sein même du pays. Confrontée à un manque de soldats sur le front, l’Ukraine cherche à élargir sa mobilisation. Quatre-vingt pour cent de la population a vu un proche blessé ou tué et près de douze millions d’Ukrainiens sont désormais victimes de traumatismes liés à la guerre. Une grande partie des Ukrainiens sont déchirés entre leur devoir militaire et leur conscience. L’acharnement russe sur les lignes de front et l'évolution du conflit ont contraint le gouvernement à à voter un projet de loi pour recruter des forces vives, de nouveaux soldats assignés à relever des troupes épuisées. Une mobilisation de près de 500 000 hommes pour organiser les rotations, maintenir les tranchées à l'Est et lancer de nouvelles offensives destinées à repousser les attaques russes. Une décision gouvernementale impopulaire qui laisse de nombreux individus partagés entre leur devoir patriotique et la crainte de mourir dans un affrontement sanglant.
Agée de 38 ans, Hàna dirigeait autrefois l’un des plus grands clubs électro de Kiev. Après un entraînement rigoureux de plusieurs mois, elle s’est engagée dans l'armée et a servi trois mois au plus près des combats en tant que médecin militaire. Bien que revenue indemne, elle porte en elle des cicatrices invisibles, témoins des traumatismes vécus. Dima, lui, a choisi de fuir la mobilisation. Refusant de prendre part au conflit, il a pourtant risqué sa vie en empruntant des passages clandestins, aussi périlleux qu’imprévisibles, dans les Carpates, entre l’Ukraine et la Roumanie. Ces points de passage sont devenus des refuges pour les déserteurs cherchant à échapper aux horreurs de la guerre et à la conscription forcée.
Pays
France
Année
2024