Les sentiers de la gloire

1916. Les fantassins français croupissent dans les tranchées face à une position allemande réputée imprenable. Tout assaut serait suicidaire. Pourtant, ambitionnant d'accrocher une étoile de plus à son uniforme, le général Mireau ordonne une attaque. Déterminé à protéger ses hommes, le colonel Dax s'y oppose avant de devoir s'incliner sous le chantage. Comme prévu, l'offensive se solde par un échec : avant même d'avoir atteint les barbelés adverses, les fantassins sont repoussés. Refusant d'admettre l'ineptie meurtrière de sa stratégie, le général Mireau réclame, à titre d'exemple, l'exécution publique de trois de ses soldats, accusés de lâcheté…

Œuvre phare
Quatre des treize films de Stanley Kubrick traitent de la guerre. Fustigeant l'armée, française ici en l'occurrence – laquelle, au cours de la Grande Guerre a multiplié les condamnations à mort de soldats –, le cinéaste se garde toutefois bien d'énoncer une quelconque thèse pacifiste et se limite à exposer l'absurdité voire la démence d'un système militaire sans héros ni victoire. Le colonel Dax aurait pu incarner un champion de la paix, si son combat avait eu une quelconque incidence. Or, Les sentiers de la gloire s'achève par la reprise des assauts. S'il s'ouvre sur La Marseillaise, c'est pour mieux affirmer qu'aucune utopie n'a jamais transformé le monde. Après ce film, Kubrick explorera toujours plus avant la folie humaine, dans une œuvre infusée d'un humour capable de transformer les situations les plus tragiques en farces irrésistibles (Docteur Folamour) comme d'une distance délibérée pour traiter de dérives glaçantes (Orange macanique).