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À suivre :
Karambolage - Kentin MahéLes voleurs de tubas
87 min
Disponible jusqu'au 13/01/2025
- Version originale
À partir de mystérieux vols de tubas dans des lycées en Californie, une troublante exploration du rôle du son et du sens de l’écoute dans nos sociétés par une artiste plasticienne sourde.
Entre 2011 et 2013, des vols de tubas en série se produisent dans des lycées en Californie, stupéfiant l’opinion et la presse. Si les journalistes enquêtent sur les mobiles de ces mystérieux larcins sans motif apparent, Alison O'Daniel, elle, imagine le désœuvrement des musiciens privés de leur instrument, ainsi que les fanfares, de leurs notes les plus graves. À partir de ce fait divers cocasse, elle décide de réaliser un film. Mais plutôt que de partir sur la piste des voleurs, la cinéaste plasticienne, sourde, entreprend d’explorer le rôle du son dans nos sociétés, qu’on le considère comme acquis ou qu’on en soit privé. Sur fond de pollution sonore omniprésente, entre avions, circulation automobile ou souffleurs de feuilles dans la rue, elle organise une promenade sonore – sous-titrée –, en croisant deux personnages, inspirés de leurs interprètes. Sourde, Nyke (Nyeisha Prince) s’inquiète de devenir mère, si quelque chose arrive à son bébé qu'elle ne peut entendre, tandis que Geovanny (Geovanny Marroquin), tambour à la Centennial High School de Compton, est affecté par le vol de tubas qui a été commis dans l’établissement.
Mur du son
Qu’est-ce que l’écoute ? Mosaïque sonore – pas, vent, pluie, vagues, machines, crépitement du feu ou musiques… –, Les voleurs de tubas invite à l’expérimentation attentive de l’ouïe, en mettant en regard les dialogues animés de sourds en langue des signes. S’appuyant sur ses propres expériences émaillées de malentendus, Alison O'Daniel invente un langage cinématographique qui sollicite une sensibilité sonore accrue. Citant des concerts emblématiques – la dernière performance punk au Deaf Club de San Francisco en 1979 ou le concert surprise de Prince en 1984 pour les sourds à l'université Gallaudet –, le film reconstitue aussi le fameux "4'33" de John Cage, quand, en 1952 à Woodstock, le pianiste David Tudor se borna à tourner les pages de la partition en silence pour mieux faire entendre l’environnement sonore. Ici, un spectateur irrité fuit dans la forêt, avant d’y être happé par les murmures de la nature. Cette étrange symphonie urbaine montre surtout combien écouter n’est pas entendre, les vibrations et le bourdonnement de la vie franchissant aussi le mur du son pour les malentendants.
Réalisation
Alison O'Daniel
Pays
Etats-Unis
Année
2023