Monteverdi et le Caravage à la galerie Borghèse de Rome

Par ses contributions musicales, formelles et émotionnelles, Claudio Monteverdi (1567-1643) bouleversa le monde de la musique de l’âge baroque : s’il n’est pas l’inventeur de l’opéra, c’est pourtant lui qui révéla le genre et le fit briller aux yeux du grand public. Quatre siècles plus tard, le chef d’orchestre sir John Eliot Gardiner, l’un des plus grands spécialistes vivants de Monteverdi, propose un voyage dans le temps et nous rappelle l'importance de ce compositeur hors du commun. Depuis la galerie Borghèse de Rome, le maestro britannique, dont les passions s'étendent également à la peinture du XVIIe et plus particulièrement à l'œuvre du Caravage, brosse les portraits de ces deux artistes, nés en Italie à la même époque, aux mœurs radicalement opposées. Ils ne se sont jamais rencontrés mais partagent, dans leur élan créatif, une passion commune : l'expression exacerbée des émotions humaines.

Pouvoir hypnotique
Des galeries marquetées de pierres aux jardins de l’imposant palais devenu musée, un dialogue tant thématique que formel s’instaure entre les œuvres exposées – sensuels clairs-obscurs du Caravage et sculptures tourmentées du Bernin – et une sélection de pièces vocales de Monteverdi, interprétées avec fougue par le Monteverdi Choir & Orchestra et d’impeccables solistes. Au programme de cette promenade musicale commentée avec érudition : des extraits de l’Orfeo ou du ballet Tirsi e Clori ainsi qu’une sélection de madrigaux, au nombre desquels le déchirant "Lamento della Ninfa", miniopéra en trois segments auquel les dissonances confèrent un pouvoir hypnotique.