La voix humaine

Tailleur bleu, lunettes de soleil, une femme se rend dans un magasin de bricolage pour y acheter une hache. De retour dans son luxueux appartement, elle s’en prend avec l’outil à un costume étalé sur son lit, à côté de valises prêtes au départ et sous le regard du chien de l’absent. Car elle le sait, celui qui "revenai[t] toujours jusqu’à il y a trois jours" ne veut plus d’elle… Quelques heures après, alors qu’elle est assommée par les nombreux cachets qu’elle a avalés, son téléphone sonne…

Rencontre au sommet
Pedro Almodóvar, qui la citait déjà dans Femmes au bord de la crise de nerfs et La loi du désir, s’empare de la pièce de théâtre La voix humaine (1930) de Jean Cocteau dans un court métrage séduisant, qui marque la rencontre entre son univers et l’aura singulière de Tilda Swinton. Évoluant dans un élégant appartement aux couleurs vives, dont on découvrira bientôt qu’il s’agit d’un décor de cinéma enfermé dans un immense hangar désaffecté, la comédienne britannique, magistrale, donne corps au tourment d’une femme quittée qui attend l’ultime coup de fil de son amant. Cette conversation à sens unique – on n’entendra jamais son interlocuteur – la voit osciller entre lucidité, supplication, docilité, amertume et menace. Jusqu’à une flamboyante révolte en forme d’adieu aux illusions…