Harold en Italie

C’est une drôle de partition, commandée à l’origine à Berlioz par Paganini, qui souhaitait mettre en valeur un alto de sa collection. Escomptant un concerto, le maestro, déçu du résultat, refusa la proposition, que Berlioz termina et intitula Harold en Italie : une symphonie en quatre mouvements, comme autant d’impressions de voyage nourries de son observation des paysages des Abruzzes et d’un poème de lord Byron. Depuis l’auditorium de la Maison de la radio et de la musique, sir John Eliot Gardiner s’empare de l’œuvre en accentuant son caractère théâtral. Le grand chef britannique a ainsi bouleversé la spatialisation de l’orchestre et dessiné un parcours pour le soliste – lequel se fond dans l’ensemble ou s’en détache, joue en marchant, écoute et parfois même réagit à la musique. "Gardiner a poussé la théâtralité très loin, jusqu'à me demander d'habiter le ‘rôle’ d'Harold. Il m'a fait bouger sur scène, jusqu'à avoir certaines expressions sur le visage", explique Antoine Tamestit, l’un des plus brillants altistes de sa génération. Une version d’anthologie, qui donne la mesure de ce chef-d’œuvre inclassable de Berlioz.