Tracks

Guerre en Ukraine, à Gaza, catastrophe climatique, famines, exil, montée de l’extrême droite, inflation... Partout le monde déraille et les mauvaises nouvelles semblent se succéder à l’infini. Pour toute une génération, ce tableau est encore assombri par un sentiment d’impuissance générale face aux événements. Alors comment vivre sa jeunesse en temps de crise ? Fêtes, drogues, ivresse… Il faut apparemment être dans un état second pour supporter le monde tel qu’il va. Cette fuite en avant est observée en Allemagne depuis la pandémie – où elle tend à devenir un phénomène de masse. Tandis que, chaque année, on déplore de plus en plus de troubles psychiques au sein de la population et que la consommation de drogues atteint sans cesse de nouveaux sommets, les beats et la fête font de plus en plus d’adeptes.C’est dans ce contexte qu’est né le crew berlinois Tiefbasskommando (TBK), qui se décrit lui-même comme un symptôme de son époque. Pour ces rappeurs, le constat est sans appel : leur génération n’a plus rien à perdre et si le monde touche réellement à sa fin, autant vivre intensément jusqu’au bout. Ce à quoi vient s’ajouter le credo suivant : face à la disparition de toute forme de beauté, ce qui est moche devient tout relatif. D’où cette apologie de la laideur qui ressort dans leurs textes : loin de viser une certaine esthétique, eux préfèrent parler le plus crûment possible de fête, de sexe et de drogue.Les excès sont aussi la marque de fabrique du label créé par le collectif Gabber Industries Berlin, également connu pour les soirées débridées qu’il organise dans les clubs de la capitale allemande. Leur musique ultrarapide parle justement aux jeunes qui évoluent sur les dancefloors de toute l’Europe.

Tracks rencontre les protagonistes de cette scène fréquentée assidûment par la « génération crise ».