Brasch - Le désir et la peur
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Journal vidéo personnel, entretiens filmés et archives de ses pièces esquissent un portrait mosaïque de l'écrivain, poète et cinéaste allemand Thomas Brasch, disparu en 2001.
"Pourquoi écris-tu ?", demande Christoph Rüter à Thomas Brasch. "C'est une question trop intime", répond ce dernier face caméra, avant de lâcher qu’il aimerait agréger autour de sa plume une communauté mue par les mêmes désirs et angoisses, pour "oublier qu'on naît et meurt seul". L'écrivain, poète et cinéaste allemand, peu connu en France mais estimé pour sa plume subversive et critique, souffrira profondément de son déracinement. Son premier recueil de nouvelles, Les fils meurent avant les pères, publié après son départ de RDA pour échapper à la censure, connaît un grand succès en Allemagne de l’Ouest. Son œuvre majeure, Brunke, non traduite, écrite en six ans après la réunification, contient au premier jet 14 000 feuillets manuscrits de prose, notes et documentation, condensés en 4 000 pages et publiés en huit volumes. Également réalisateur et metteur en scène (il a beaucoup adapté Tchekhov), Brasch fait partie de la sélection officielle cannoise en 1981 avec son film le plus connu, Les anges de fer.
Œuvre désillusionnée
À la fin des années 1980, le documentariste Christoph Rüter, alors conseiller à la mise en scène dans un théâtre de Berlin-Ouest, se lie d’amitié avec Thomas Brasch et le filme durant les vingt années qui suivent. La masse d'archives, augmentée du propre journal vidéo de Brasch et d'extraits de ses pièces, le tout bercé par la trompette de Miles Davis, constitue la matière de ce voyage, tissé de fragments, dans la psyché de l'artiste rongé par le doute et la souffrance, et hanté par la nécessité de transmettre et d’interroger la mémoire de la Shoah. Pourtant critique de l'exercice documentaire de Christoph Rüter, Brasch, en chef d'orchestre compulsif, dirige son entreprise, soulignant les passages les plus saillants de leurs entretiens. Disparu le 3 novembre 2001, l'artiste lègue une œuvre amère sur l’état du monde, mais non dénuée d’espoir de le transformer, ce que Brasch appelait les "potentialités politiques" de son travail.
Réalisation
Christoph Rüter
Pays
Allemagne
Année
2011