Le gourou et les enfants

En guerre contre le monde bourgeois, Otto a fondé une communauté dans une ancienne exploitation agricole à la frontière austro-hongroise. En pleine nature, au milieu des poules et des chevaux, les enfants y grandissent loin de leurs parents, encadrés par une poignée d’adultes. Considérant la famille nucléaire comme la racine des maux qui rongent la société, Otto, qui prône la liberté sexuelle et bannit l’amour exclusif, dirige en potentat le quotidien de chacun. Jusqu’à présent, Jeanne, 14 ans, s’est accommodée des règles en vigueur dans la ferme autogérée. Mais les sentiments qu’elle éprouve pour Jean, 16 ans, l’amènent peu à peu à remettre en question l’autorité d’Otto. D’autant plus que ce dernier commence à s’intéresser à elle...

Emprises
Puisant dans ses souvenirs, Jeanne Tremsal, qui cosigne le scénario et interprète la mère de Jeanne, retrace les derniers moments qu’elle passa à l’adolescence au sein de la communauté créée au début des années 1970 par le peintre Otto Mühl, pionnier de l’actionnisme viennois – un mouvement radical fondé sur l’art de la performance. De règles tyranniques en rituels pseudothérapeutiques (sessions collectives de cri primal, d’autoreprésentation, de simulacres sexuels…), le film de Christopher Roth met en scène l’emprise psychologique et sexuelle à laquelle étaient soumis les enfants. Incarné par le comédien allemand Clemens Schick, le véritable gourou bénéficia d’un soutien bienveillant dans les milieux politique, intellectuel et artistique – dont celui de son ami le peintre Joseph Beuys –, avant d’être arrêté et condamné en 1991 à sept ans de prison pour viols et abus sur mineurs.