La traversée

Dans un pays indéfini, Kyona, 13 ans, son petit frère Adriel et leurs parents sont contraints de fuir leur village de Novi Varna, livré à la guerre civile, aux pillages et à la haine. Alors que la famille, baluchon sur l’épaule, a réussi à embarquer dans un train, les deux enfants sont bientôt séparés de force de leurs parents. Ensemble, ils devront poursuivre leur route seuls à travers des contrées inconnues, affrontant d’innombrables dangers… 
 
Peinture animée 
Dans ce premier long métrage écrit avec la journaliste et romancière Marie Desplechin et fruit d’un travail de maturation de dix ans, Florence Miailhe, réalisatrice venue des Arts décoratifs, déroule le voyage initiatique de deux adolescents exilés à travers un continent imaginaire qui ressemble fort à l’Europe. Un récit qui s’inspire de la trajectoire de ses propres aïeux, juifs, et qui résonne avec celle de bien des familles d’aujourd’hui, arrachées par les guerres à leur pays natal. C’est avant tout sa forme qui fait de ce film un bijou de poésie visuelle : il est réalisé entièrement à la main, dans une technique de "peinture animée" exécutée sur une planche de verre. Le résultat – une succession fluide de tableaux naïfs aux couleurs fauves et chatoyantes – évoque aussi bien Chagall que Picasso ou Van Gogh, et souligne l’onirisme assumé de son univers, proche de celui du conte. Dans leur odyssée, les deux jeunes héros, tels des Hansel et Gretel d’aujourd’hui, rencontreront les avatars modernes d’ogres ou de sorcières, des marâtres et des voleurs d’enfants, mais aussi des personnages, migrants comme eux, à l’humanité salvatrice.